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Haïti : à Port-au-Prince, 33 000 personnes ont fui la violence des gangs

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en deux semaines, plus de 33 000 personnes ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, pour se mettre à l’abri de l’escalade des attaques. Elles se sont principalement dirigées vers les départements du Grand Sud, qui accueillent déjà 116 000 déplacés ayant fui les mois passés.
Vendredi 22 mars, un correspondant de l’Agence France-Presse présent sur place a vu plusieurs dépouilles dans le centre-ville de Port-au-Prince et à Delmas, dans sa banlieue, au moment où le pays attend toujours l’annonce de la composition de ses futures autorités de transition.
La journée a été marquée par plusieurs assauts d’hommes armés et par une opération policière qui a conduit à la mort d’un chef de gang, Ernst Julmé alias « Ti Grèg ». Ce dernier s’était évadé de prison début mars. Certaines routes restaient barricadées et très peu de véhicules circulaient. La plupart des bureaux de l’administration publique gardaient porte close, tout comme les écoles et les universités.
L’Organisation des Nations unies (ONU) s’est alarmée de la crise humanitaire : environ cinq millions de personnes, soit presque la moitié de la population, font face à des niveaux élevés « d’insécurité alimentaire aiguë ». « Une personne sur deux a désormais faim. La montée de la faim alimente la crise sécuritaire qui ravage le pays. Nous avons besoin de mesures urgentes maintenant », a alerté Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial en Haïti. Ces « provinces n’ont pas suffisamment d’infrastructures et les communautés hôtes n’ont pas de ressources suffisantes qui peuvent leur permettre de faire face à ces flux de déplacements massifs venant de la capitale », a affirmé l’OIM.
Haïti, qui vivait déjà une profonde crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis le début du mois de mars, lorsque plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince, disant vouloir renverser le premier ministre, Ariel Henry.
Très contesté, ce dernier n’a pas pu regagner le pays après un déplacement au Kenya. Selon des sources concordantes, il pourrait se trouver désormais en Californie, après avoir quitté Porto Rico. M. Henry a accepté de démissionner, le 11 mars, et des négociations sont depuis en cours en vue d’investir des autorités de transition.
Mais en attendant, les gangs armés élargissent leurs attaques dans la capitale, dont ils contrôlaient déjà quelque 80 %. « Au cours des derniers jours, les gangs ont avancé dans de nouvelles zones de la capitale », a déclaré, jeudi, Ulrika Richardson, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le pays.
Le futur Conseil présidentiel de transition, lui, dont la mise sur pied a été décidée lors d’une réunion d’urgence en Jamaïque de plusieurs pays et organisations avec des représentants haïtiens, se fait attendre. Cet organe sera entre autres chargé de nommer un premier ministre intérimaire. Haïti reste pour l’heure sans président ni Parlement : le dernier chef de l’Etat, Jovenel Moïse, a été assassiné en 2021. Et le pays n’a connu aucune élection depuis 2016.
Le Kenya, qui devait envoyer un millier de policiers en Haïti dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU, a finalement annoncé qu’il suspendait ce déploiement au vu de la situation. « Juguler la violence qui frappe Haïti constituera une épreuve décisive pour l’unité et la pérennité du nouveau gouvernement », a pour sa part écrit le groupe de réflexion International Crisis Group.
« Les nouvelles autorités devraient reprendre les pourparlers avec les partenaires étrangers pour accélérer le déploiement de la mission de sécurité multinationale » et, en attendant, tenter de fournir l’équipement nécessaire à la police pour qu’elle essaie de reprendre le contrôle de la capitale et de son port et des principales autoroutes, a-t-il ajouté.
Le Monde avec AFP
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